Les faux Ghika-Paleologu .....


 
  Le faux ...
  ... concernant les Ghika nous l'avons trouvé sur Internet, sur un Site de généalogies qui présente, parmi d'autres, la généalogie de "Imperial House of Paleologo Emperors of the Bytantine Empire". Nous vous présentons l'extrait en question qui abrite, dans une apparente documentée descendance, un savant mélange de noms, de dates et de filiations d'autant plus fantaisistes qu'inexistantes (le soulignage en gras des noms nous appartient).
 Et bien sûr, comme d'habitude sur de pareils Sites, aucune mention indiquant les sources.
 

 
Une fois l'étonnement passé et en sachant que les Paléologue de Byzance ne figurent pas parmi les conjoints des Ghika, et d'autant plus le nom Ghika-Paléologue, nous avons essayé de comprendre.
   
 
  ... et le vrai...
... nous l'avons trouvé dans les deux chapitres consacrés aux Paléologue (Paléologue de Byzance et Paléologue de Montferrat) dans l'excellent ouvrage de Mihai D. Sturdza "Les Grandes Familles de Grèce, d'Albanie et de Constantinople" - Paris 1999, p. 374-376.
  Concernant l'extrait qui nous interesse, dans un premier commentaire on peut lire:
 
  "... Au début du XVIIe siècle le savant allemand Martin Crusius rencontrait des Paléologue au Phanar et les qualifia d'authentiques. Ils portaient ce nom accolé à celui de GULIANO, qui paraît avoir été leur véritable nom de famille, et au surnom de muselim, qui était la désignation d'une magistrature turque. Apparentés à plusieurs des grandes maisons phanariotes, leurs descendants finirent par s'établir en Valachie à la fin du XVIIIe siècle, sans qu'ils y fut question de prétentions impériales de la part de ces Paléologue devenus boyards valaques.
  A la fin du XIXe siècle, ces Paléologue roumains ne subsistaient plus que par une branche bâtarde, laquelle sans doute pour réparer la tache de sa naissance illégitime fit imprimer à Constantinople un arbre généalogique lui attribuant une origine byzantine dont personne n'avait entendu parler auparavant. Ce curieux document est préservé dans ce qui reste des papiers d'Eugène Rizo Rangabé à l'Académie d'Athènes, et mérite d'être cité, car celui en qui s'éteignit cette famille gréco-roumaine ne fut autre que Maurice Paléologue (1859-1944), ambassadeur de France, l'un des grands artisans de l'alliance franco-russe. Ce diplomate fit d'ailleurs insérer dans la Grande Encyclopédie du XIXe siècle une notice le concernant, et ou il se donne comme un rejeton de Byzance.
  Rien n'est moins sûr par conséquent que la légitimité des prétentions impériales des Paléologues vivant sous la domination turque immédiatement après la chute de Constantinople (1453 - n.a.). Depuis, imposteurs, aventuriers de haut vol ou charlatans de bas étage ont abondamment fait usage du nom et du blason de la dernière maison impériale de Byzance. ...
"
  "...Il suffit de rappeler que les derniers descendants authentiques de cette famille s'éteignirent en la personne des marquis de Montferrat, possessionnés en Italie du Nord ..."
 
  Quelques pages plus loin on trouve la présentation détaillée de la vraie ascendance de ce Maurice dit Paléologue et devenu même Ghika Paléologue sur le Net (ascendance que nous avons reconstituée afin de faciliter la comparaison avec le faux):
 
 "... Si la famille Byzantine de ce nom disparut (Paléologue - n.a.), le patronyme en tant que tel ne fut pas oublié, mais pour être donné, en tant que prénom, à quelques rares enfants nés au sein de familles grecques, comme une sorte de preuve d'attachement au souvenir du dernier empereur et surtout comme marque de foi en la renaissance d'une patrie grecque.
  Ainsi, un dignitaire grec du Phanar, dont l'ascendance est parfaitement inconnue, Dimitrios Guliano, grand logothète (grand chancelier) de L'Eglise d'Orient en 1655, donna à l'un de ses trois petits-fils le prénom très peu courant de Paléologue. La généalogie de la famille Guliano, qui fit partie de la petite noblesse roumaine, figure dans l'ouvrage de l'historien roumain Filitti, publié à Bucarest en 1919 et intitulé Arhiva Cantacuzino. On y lit que le Paléologue Guliano dont il s'agit plus haut s'établit vers 1720 à Bucarest, y épousa une Cantacuzène et y fit souche. Le prénom de Paléologue ne fut pas relevé par cette famille, pas plus qu'elle ne prétendit à une ascendance impériale ou qu'elle ne porta le titre de prince.
  Le nom de Paléologue refit cependant surface, en 1825, très exactement, et dans des circonstances passablement embrouillés. Une arrière-petite-fille de ce même Paléologue Guliano, Elisafta Vacaresco, veuve d'un Ghica dont le frère (en réalité l'oncle - n.a.) était alors prince régnant, s'éprit du chantre de l'Eglise Saint-Nicolas de Bucarest et en eut deux fils. Comme il n'était pas question de se mésalier en épousant le chantre, que les Vacaresco, grands boyards, et que les Ghica, famille princière, ne voulaient rien savoir de ces enfants illégitimes, on les confia à leur grand-mère maternelle Zoe Vacaresco née Guliano; celle-ci à son tour les fit adopter par son vieux frère, Grégoire Guliano, célibataire sans enfants. Ce dernier leur laissa sa fortune à condition que les deux enfants naturels portent comme nom de famille celui de Paléologue. Il n'était pas encore question de Byzance.
  Le plus jeune de ces deux frères «Paléologue», Alexandre, né à Bucarest le 7 octobre 1824, s'exila en France en 1847 pour avoir trempé dans une conspiration dirigée contre le prince régnant Georges Bibesco. Il passa le reste de sa vie en riche particulier, mais non en prince byzantin, et mourut à Paris le 11 mai 1866. Sa famille se composait de sa veuve, Frédérique de Ridder (née à Bruxelles le 29 mars 1829 et morte le 3 septembre 1901 au château de la Solitude, par St-Prix, Seine-et-Oise), de trois filles (mariées, l'une à Arthur Pernollet, député du Cher, l'autre à Jules Dietz, avocat à la cour d'appel, et la dernière à André Lebon, plus tard ministre des colonies) et d'un fils qui fut Maurice Paléologue, Ambassadeur de France. L'idée de s'attribuer la couronne des empereurs byzantins surgit alors dans l'esprit de l'ambassadeur.

  L'autre fils naturel né des amours avec le chantre, Jean «Paléologue», frère de l'Alexandre exilé à Paris, eut, de son mariage avec une anglaise, un fils qui se fit une certaine notoriété à Paris comme caricaturiste, sous le pseudonyme de «Pal», et, d'un second mariage avec une dame de Bucarest, née Gradisteanu, deux autres fils, morts l'un et l'autre sans postérité.
  Surprise à Paris par la communisation de son pays, la veuve de Grégoire Paléologue, le dernier des fils de Jean, préféra vivre modestement en France plutôt que de se risquer à retourner dans sa patrie. Née Boutcoulesco, elle appartenait à une famille bucarestoise de la bonne société, mais ne se dit jamais «princesse» Paléologue, ni avant, ni après son veuvage. Peu avant sa mort, un avocat roumain, exilé comme elle, lui demanda de l'adopter. La famille de M. Paul Crivatz, honorablement connue dans le département roumain de Neamtz auquel elle avait fourni des ecclésiastiques, des officiers et des magistrats, ne pouvait prétendre, et n'a jamais prétendu à une quelconque ascendance nobiliaire. L'adoption de M. Paul Crivatz par la veuve Paléologue suppléa à cette carence et c'est par conséquent après 1945 qu'il faut dater l'apparition à Paris et sur la Côte d'Azur des Princes Paléologue de Morée, de leur décorations et de leurs ordres de chevalerie «octroyés» contre paiement d'honoraires établis selon la tête du client.
"
   M. D. Sturdza précise en préambule qu'il à déjà publié ce texte "...dans le périodique parisien «L'intermédiaire des Chercheurs» du mois de novembre 1972, périodique dirigé par M. Joseph Valynseele, qui fait autorité en tant que généalogiste français. Cette communication n'a jamais été démentie, et nous la citons ici, sûrs de notre bon droit ..." (p. 376)
 
  Inutile de préciser que les deux autres personnages Giovanna Ghika et Giovanni Maria Ghika mentionnés dans le Faux sont ....inconnus au bataillon !
  Et en ce qui concerne les deux autres noms à consonance roumaine: C. Gane fait mention de Maria Movilă (f. de Ion Movilă et Maria Prăjescu) mariée à "Chiriţă Paleologul" et chez Ion-Mihai Cantacuzino on trouve Maria Cantacuzino (f. de Iordache "Coconul" et de Maria Fărcăşanu) mariée à "...Paleologu Guliano" - et bien sûr sans aucune mention à une quelconque ascendance byzantine des deux conjoints.
 
  Notre démarche ne concerne pas la famille Paléologue, mais ne pouvons pas conclure sans une dernière remarque:
  Dans la présentation des Paléologue de Byzance on peut lire, dans le même ouvrage de M. D. Sturdza: "...La dynastie ... allait donner neuf souverains à Byzance et régner pendant deux siècles, plus qu'aucune autre maison impériale grecque..."  et  "...Comme toutes les maisons impériales de Byzance, les Paléologue sont éteints depuis plusieurs siècles: les personnages plus ou moins aventureux parus à différentes époques - dont la nôtre - pour faire connaître leurs prétentions à la succession au trône et au nom de Paléologue n'ont jamais pu prouver d'autre qu'une imagination trop fertile..." (p. 368)
  Et comme pour illustrer ces propos, dans la même fausse "généalogie", à côté de faux Ghika-Paléologue nous avons trouvé:
  - les neuf vrais "Emperor of the Byzantine Empire" (de 1224 à 1453 - la chute de Constantinople)
- et 20 "Titular Emperor of the Byzantium" (de 1453 - à aujourd'hui) ?!?
- ainsi que l'actuel "Present Titular Emperor of the Byzantium" ... en poste depuis 1951 ....?!?
 
  ...et la moralité:
  méfiez-vous de "généalogies" trouvées sur le Net, plus particulièrement celles qui ne précisent pas clairement les sources et l'auteur à contacter ! Les erreurs ou les interrogations dans une généalogie sont une chose, mais les pures inventions .....
 
 
   Mona et Florian BUDU-GHYKA       
les auteurs du Site       

nov. 2009          
 


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